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Spleen
Morne esprit, autrefois amoureux de la lutte,
L'espoir, dont l'éperon attisait ton ardeur,
Ne veut plus t'enfourcher, couche-toi sans pudeur,
Vieux cheval dont le pied à chaque obstacle butte,
Résigne-toi, mon coeur, dors ton sommeil de brute.
Esprit vaincu, fourbu, pour toi vieux maraudeur
L'amour n'a plus de goût, non plus que la dispute.
Adieu donc, chants du cuivre et soupirs de la flûte,
Plaisirs ne tentez plus un coeur sombre et boudeur,
Le printemps adorable a perdu son odeur
Et le temps m'engloutit minute par minute
Comme le neige immense un corps pris de roideur.
Je contemple d'en haut le globe en sa rondeur
Et je n'y cherche plus l'abri d'une cahute,
Avalanche veux-tu m'emporter dans ta chute?
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